Hervelinghen le bien nommé
Les mots celtiques Hervelin-Ghen selon quelques historiens signifient habitation ou village d’Hervelinus, un des premiers seigneurs de ce lieu.
Au cours de l’Histoire notre village a été orthographié de différentes façons ainsi Lambert d’Ardres (naissance vers 1160-décès 1203), curé de la paroisse de Guînes rapporte qu’Adèle de Selvesse (ou Adèle Ire de Selvesse ou de Selnesse Ire) fondatrice d’Ardres au Xème ou XIème siècle, riche orpheline possédant de nombreux fiefs dans plusieurs lieux avait des possessions dont Belinghem-lez-Wissant qu’elle remit entre les mains de l’évêque Framery de Thérouanne, son oncle, mort le 15 mars de l’an 1004.
Il est bien probable que ce nom de Belinghem-lez-Wissant représente une variante tronquée de celui d’Hervelinghen.
Lambert d’Ardres se sert néanmoins d’une autre dénomination lorsqu’il nous raconte que Gui de Campagne bravant la puissance du comte Baudouin de Guînes avait l’audace de lui enlever ses hommes et son bétail dans ses villages de Scales et Helbedinghem ; où l’on ne peut s’empêcher de reconnaître Hervelinghen et Escalles, voisins l’un de l’autre et tous deux du comté de Guînes.
L’orthographe du village a donc évolué au cours de l’Histoire ainsi Hervelinghen se nomma :
– Helvetingehem, (1084)
– Helbetingehem (Vers l’an 1091)
– Helvuenghehem (1119)
– Elbedingehtsm (1123)
– Helbetinhem (1125 ou 1126)
– Helvetingehem (1127)
– Helbethingahem ou Helbedingehem (1132)
– Helvelingehem (1145)
– Heuviningehem (1157)
– Elvelinghem (1174)
– Helvinghehem, Helvidingehem, Ervelinghem (1179)
– Hervedinghehem (fin XIIIe siècle)
– Helvedinghem (1422)
– Hervedinghem (vers 1512)
– Hévelinghen (1554)
– Helverningham et Hervelyngham (1556)
– Hervelingan (1583)
– Hervelinghen (1674)
Les habitants d’Hervelinghen se nomment les hervelinghinois, hervelinghinoises ou helvetingois, helvetingoises.
Hervelinghen fit parti du comté de Guînes puis du canton de Peuplingues de 1789 jusqu’en 1801 où il fut réuni à celui de Marquise.
Le patrimoine
En 1422, la cure d’Helvedinghem (Hervelinghen) avait déjà perdu son autonomie et se trouvait associée comme secours à celle d’Audembert. Elle en fut séparée pour être érigée de nouveau en paroisse indépendante par une ordonnance épiscopale du 6 février 1658, et placée dans le doyenné de Marck, tandis qu’Audembert restait dans celui de Wissant.
Les premières traces de l’église d’Hervelinghen date de l’année 1119, elle ne présente aucun caractère qui permette de lui assigner un rang quelconque dans la statistique monumentale du pays. Elle est sous le vocable de Saint-Quentin et possède une cloche de 1713. Lorsque les commissaires chargés par Henri II de faire la répartition des terres du Calaisis se présentèrent dans le village d’Hervelinghen, appelé Helverningham dans le terrier de 1556, ils trouvèrent dans l’église cinq ménages anglais qui s’y étaient cantonnés avec les femmes et les enfants dans des logettes séparées par des cloisons, et qui demandèrent en grâce d’être conservés dans le pays, sous la protection du roi de France, en montrant la ruine des maisons qu’ils y avaient habitées et où ils étaient nés.
Un monument qui date de l’occupation anglaise existe sur la place d’Hervelinghen. C’est une colonne en pierres blanches, ornée d’un crucifix, qui paraît remonter au XIVe siècle. On en doit la conservation à l’énergie du maire, M. Poivre, qui a empêché les vandales de 1793 de la détruire.
Les fouilles archéologiques
M. Louis Cousin, antiquaire, a fouillé sur le territoire d’Hervelinghen, dans le voisinage du Mont-de-Couple, quatre mottes qui paraissent être des tombelles celtiques. Dans la première il n’a trouvé que des cendres et des charbons de bois, à 1,45m de profondeur ; dans la seconde, il a découvert des ossements recouverts par une pierre plate ; dans la troisième, il a constaté aussi la présence de quelques ossements humains. Elle avait été ouverte en 1820, une épée gauloise en bronze en avait été retirée, longue de 16 centimètres et demi, sur une largeur de 5 cent à la base. Cette arme est rayée de huit lignes longitudinales et présente la plus grande ressemblance avec une pièce analogue, trouvé en Irlande et conservée au musée de Boulogne. Grâce à l’intelligente libéralité de M. L. Cousin, celle d’Hervelinghen a été aussi déposée au musée. Dans le quatrième tumulus, situé sur la montagne de Ramsant (Ramsault), au nord du village, on a aussi rencontré une couche de cendres mêlées de terre, mais aucun ossement.
Plus tard, le même antiquaire a signalé quatre haches en silex qui ont été ramassées dans des terres à labour, et dont il a parlé dans sa Notice sur des antiquités celtiques (p- 16, n° vi, 1866).
Une sépulture gallo-romaine d’incinération a été rencontrée en labourant la terre, à 25 ou 30 centimètres de profondeur dans le sol. Elle consistait en un vase de terre, en forme d’urna, renfermant des ossements calcinés et une fibule en bronze que M. Poivre-Bouclet, maire, a recueillie pour l’offrir à M. L. Cousin. Le cimetière communal d’Hervelinghen a révélé aussi plusieurs fois l’existence d’anciens monuments funéraires qui y ont été déposés à une époque inconnue. Ce sont des cercueils de pierre blanche, creusés en forme d’auge, dont on attribue dans le pays l’origine aux Anglais, mais qui sont évidemment plus anciens et tout au moins de l’époque mérovingienne. L’église d’Hervelinghen a conservé ses fonts baptismaux, monument très curieux, qui se distingue de la plupart de ceux du même genre, par l’élégance des multiples colonnettes sur lesquelles repose la cuve.
Sources documentaires
Notice historique de l’état ancien et moderne du Calaisis, de l’Ardresis, et des pays de Bredenarde et de Langle, etc page 166
Dictionnaire topogr. de la France comprenant les noms de lieux anciens et modernes page 177 et 364
Mémoires de la Société académique de l’arrondissement de Boulogne-sur-Mer page 364
Ibid., pp. 793,797,803.
Cap. xcviii.
Cap.CLI.
Rapport sur des fouilles faites en 1863 à Audembert à Hervelinghen, in-8 Caen 1865.
Renseignements transmis à la Soc. d’Agr. de B. par M. Poivre-Bouclet, maire d’Hervelinghen.
Note conservée dans les papiers de M. l’abbé Parenty.
Rapport sur des fouilles faites en 1863 à Audembert à Hervelinghen, in-8 Caen 1865.
Renseignements transmis à la Soc. d’Agr. de B. par M. Poivre-Bouclet, maire d’Hervelinghen.
Note conservée dans les papiers de M. l’abbé Parenty.
(lj Le Febvre. Hist. de Calais, t. II, p. 336).